Dans ce livre, un philosophe entreprend une « traversée des sciences » et apporte le pointde vue de la philosophie dans l'approche des grands problèmes scientifiques. Par exemplesur le temps, sur l'infini, sur la finalité dans les sciences, sur les enquêtes cosmologiquessur le déterminisme ou sur les révolutions scientifiques. A chaque fois, il s'agit de mettre eperspective le point de vue scientifique, d'inscrire dans un contexte culturel élargi unactualité scientifique susceptible d'engager un débat ou une prospectiveLes physiciens affrontent-ils la question de l'infini spatio-temporel, que le philosophrappellera les débats qui ont bouleversé la conception du monde finitiste. Sont-ils aux priseavec les paradoxes induits par la relativité générale ou la mécanique quantique, on évoquerles difficultés rencontrées par les philosophes pour décrire (sinon expliquer) le tempsAvouent-ils qu'ils sont habités du désir de formuler quelque « équation du tout », l'histoirde la métaphysique leur offrira un cadre pour situer et évaluer leur ambition totalisante. Suchacun de ces points, et sur d'autres, la mise en perspective n'est pas seulemenpédagogique. Il s'agit bien sûr d'illustrer la maturation des problèmes et de dessinel'odyssée de l'esprit humain. Mais la rencontre du scientifique et du philosophe a d'autrevertus : elle permet de dresser la toile de fond de débats qui mettent en présence dedisciplines différentes (par exemple, s'agissant du temps, la physique des particules, lcosmologie, la chronobiologie ou l'ingénierie des communications)La philosophie offre un référentiel commun, qui dépasse l'atomisation des spécialités. Ellpeut fournir les éléments d'une mise en commun des problèmes qui intéressent la citscientifique et, au-delà, la société globale. C'est qu'en effet, la philosophie puise les sourcede son questionnement dans la confrontation avec le sens commun : d'où vient que ce qul'on croit savoir se trouve mis en péril par ce que l'on découvre (non seulement sur le terraide la science mais au détours de la simple conversation informée) ? D'où vient qu'il y ait cque l'on sait (et pas seulement qu'il y ait quelque chose plutôt que rien) ? D'où vient qul'inacceptable d'hier puisse devenir l'évidence d'aujourd'hui (par exemple le fait dl'évolution biologique) ? Que le philosophe ait constamment à s'expliquer avec lerésistances du sens commun lui confère un avantage sur le scientifique : il est réceptif auarguments (légitimes) ou aux préjugés (fantasmagoriques) qui hypothèquent l'acceptatiodes résultats de la science en voie de constitution