Une comédie cruelle et tendre, souvent très drôle et un peu triste, sur les secrets et les mensonges d'une famille où chacun vit seul et n'ose pas parler aux autres. L'auteur, dont c'est le premier roman, se montre un narrateur hors pair et ce livre est à la famille moderne ce que le film de Sam Mendes, American Beauty, est au rêve américain : un portrait au vitriol. La famille Ramos a tout pour être heureuse: le couple s'entend bien, les enfants grandissent sans problème et tout ce petit monde vit et s'occupe du grand-père qui perd un peu la tête. Mais comme dans beaucoup de familles modernes, ils sont ensemble mais seuls car incapables de se parler. Et quand on entre dans l'intimité de chacun, le constat est désastreux : Alfredo, le père, n'a plus que six mois à vivre mais n'arrive à en parler à personne - pour tromper son angoisse, il boit au bureau et passe une nuit complètement ratée avec sa secrétaire. Lucy, sa femme, s'ennuie ferme et traverse une telle crise de la quarantaine qu'elle s'adresse à elle-même des billets érotiques dans son sac à main, faisant semblant de croire que quelqu'un la désire et la drague - Mariana vit difficilement son adolescence, se trouve grosse, laide, idiote et perd le plus stupidement du monde sa virginité - quant à son petit frère, il voit des cadavres partout. Et il y a le grand-père qui a perdu la tête et drague dans les jardins publics. Quant au chat, véritable personnage du roman, c'est un obsédé sexuel. Le formidable talent narratif de ce très jeune auteur péruvien mène ce récit tambour battant et rend les personnages inoubliables. Ce roman est une vraie réussite.