
L'esthétique du flou, qui commence à voir le jour au XVIIIe siècle, en opposition à la rigidité classique, apparaît au sortir de la Seconde Guerre mondiale comme un moyen privilégié d'expression d'un monde où l'instabilité règne et où la visibilité s'est troublée. Face au champ de possibles qui leur est ouvert, des artistes proposent alors, à travers une pluralité de médiums, de nouvelles approches artistiques et font leur matière du transitoire, du désordre, du mouvement, de l'inachevé, du doute... Instrument de sublimation tout autant que manifestation d'une vérité latente, le flou se fait, de Richter à Munch, en passant par Rothko, à la fois symptôme et remède d'un monde en quête de sens.