Le XIXe siècle, pour la Corse, est sans doute plus calme sur le plan politique que son prédécesseur, le VIIIe siècle, qui avait vu se succéder dans l’île révolutions et guerres sans quasiment discontinuer. Il est cependant le siècle des grands changements et des contrastes sociaux, économiques et culturels les plus marquants. Il est le siècle de la francisation et de l’abandon de «l’italianité». Celui aussi de la «modernisation&» – marquée tout autant par d’exceptionnelles réussites que de nombreux échecs – dans bien des domaines. Transports, industrie, agriculture, commerce sont les secteurs d’activité en pleine transformation. Des mutations appuyées par des circonstances politiques exceptionnelles: l’avènement de deux empires successifs avec à leur tête des Corses, ainsi que la présence, dans l’administration de l’État et les cercles dirigeants, de très nombreux cadres éminents originaires de l’île (ministres, ambassadeurs, hommes d’influence, etc.). Le présent recueil d’essais, traduits de l’italien, composé par l’un des meilleurs spécialistes de la période, reprend méthodiquement les incidences de ces mutations profondes sur la société corse. L’économie, souvent négligée dans l’historiographie de l’île, est abordée ici, mais aussi les conséquences de l’éloignement du giron culturel italien et l’impact de ces changements sur les structures de la société dont l’archaïsme assurait jusque-là, en quelque sorte, la stabilité.