" Ils étaient trois frères et ils venaient de là-bas, le pays de la montagne. " Ainsi s'ouvre La Baie des Anges, cette fresque romanesque dont les trois tomes sont pour la première fois réunis en un seul volume. On peut ainsi suivre, d'un seul élan, le destin des trois frères Revelli, Carlo, Vincente et Luigi, qui à la fin du XIXe siècle arrivent à pied au bord de la baie des Anges. Et l'on découvre, avec eux, cette ville de Nice qui sera le cœur de ce roman. Ville cosmopolite où se côtoient les barons russes – Frédéric Karenberg –, les hommes d'affaires autrichiens – Gustav Hollenstein –, les étrangères séduisantes – Peggy Wood – et tout un peuple pittoresque, le député Merani, Lisa, Ritzen, tant d'autres. L'on mesure surtout que La Baie des Anges est le roman qui raconte un siècle de vie en France.
Des trois frères venus à pied des montagnes du Piémont, aux petits-fils qui s'élancent sur les autoroutes jetées derrière les collines du bord de mer, Max Gallo raconte, en suivant le destin des Revelli, cette histoire de l'Europe qui a modifié tant de vies. Guerre de 1914, espoirs de la révolution russe, guerre d'Espagne, persécutions de la Seconde Guerre mondiale, Résistance, flambée d'enthousiasme de la Libération puis à nouveau secousses des guerres, coloniales celles-là, et pour finir, événements de mai 1968. L'histoire est vivante car ce sont des personnages qui la vivent : Carlo ou Dante Revelli, Roland ou Christiane. Tout un siècle s'anime.
Certains des héros du livre côtoient des héros de l'Histoire, Clemenceau, Jaurès ou Lénine. La Baie des Anges devient ainsi, comme une nasse où le romancier a pris, pour notre plaisir et notre émotion, un siècle de vie.
Guy Schoeller.