Le narrateur et héros de ce premier roman est un adolescent d'une quinzaine d'années, élève detroisième dans un lycée francophone de Casablanca. L'action se passe il y a une vingtaind'années, sous Hassan II. C'est un fils de riches venus de la ville de Fès, qui vit dans une villluxueuse du quartier résidentiel de la ville et partage son temps entre la piscine et les courts dtennis. Il a pour meilleur ami un Pied-Noir d'origine espagnole, Daniel, chez qui il va volontiersmalgré la différence de leurs niveaux sociaux. Daniel est plus déluré que lui et lui sert un peu dguide, dans le monde superficiel et facile de « Fassis » où il est confinéLe narrateur, dont le nom n'est pas dit (on l'appelle du titre honorifique de « Moulay ») a uchauffeur particulier, Si Mohamed, qu'il appelle Simo. Il a une petite amie, bourgeoise elle aussiYasmine, avec qui il a des relations sexuelles, mais ils sont assez habiles pour préserver svirginitéUn jour, le narrateur est invité par Daniel à participer, dans un garage, à une nuit de beuverie ede fumerie de shit. A cette soirée est présent un journaliste, Malik qui sympathise rapidement avelui. Mais l'adolescent se laisse aller, palabre et tombe ivre mort. Au matin, recueilli par Daniel, iapprend qu'il a monologué en prenant la défense de sa classe sociale et du roi, dont il approuve ldictature. Malik, le journaliste, le revoit souvent et tente de le former politiquement ereligieusement. Mais il ne s'agit pas d'embrigadementMalik, qui fascine le narrateur par sa liberté, lui fait découvrir le respect pour les autresnotamment pour « Simo », le chauffeur, que le narrateur considérait sans mépris mais avecondescendance de classeLa mort de la grand-mère du narrateur, Lalla, éveille, par ailleurs, sa sensibilité et lui révèll'artifice de certaines conventions familiales et sociales. Son père, particulièrement raide, se saoulde principes sur tous les plans, politiques, religieux, familiaux. C'est un homme pratiquant, satisfaide son pouvoir économique et social, et assez méprisant pour le peuple marocain, heureux drégime fort préconisé par Hassan II. Malik, de son côté, fait visiter au jeune garçon les quartierdéfavorisés de la ville. Notamment la « Montagne des déchets », où des familles entières et deenfants abandonnés vivent dans les immondices (il y a un portrait saisissant du « fils de l'oignon »enfant trouvé dans un cageot d'oignons) et Bab Marrakech, bidonville où règne le trafic des contrefaçonsMais surtout, Malik conduit l'adolescent et son chauffeur dans une Zaouia, lieu de prière, où lefidèles pratiquent des cérémonies de recueillement, de lecture et de transes, le Dikr, qui est unversion plus intérieure de l'islam. L'adolescent découvre alors une forme de spiritualité qui n'a rieà voir avec l'islam politique et social qu'il connaissait. La leçon de son ami journaliste est accueillipar lui avec une certaine méfiance, parce qu'il comprend qu'il s'agirait pour lui de renoncer à deprivilèges de classe auxquels il tient. Mais Simo, le chauffeur, lui, peu à peu, se laisse gagner par lpratique religieuse et est de plus en plus intégré dans la ZaouiaDes émeutes très graves éclatent alors. Le père du garçon l'empêche de sortir de sa maisoprotégée. Pendant ce temps, Daniel qui ne peut pas faire d'études longues va changer d'orientatioscolaire. Et Malik disparaît, en lui laissant une lettre. Il est parti avec son amie française, Isabell(qu'il avait présentée au garçon quelques semaines plus tôt) pour la France. Il ne peut pas'exprimer librement dans son journal et il laisse à son ami l'article qu'il aurait voulu publier, où idénonce le paternalisme répressif du roi et la lâcheté hypocrite des dirigeants, face à un peuplaffamé, exploité, soumis par la force et intérieurement révoltéLe narrateur est surpris par son père dans cette lecture et vertement sermonné. Encore trop jeunpour résister à l'autorité de son père et au confort familial, il n'est pas prêt à quitter sa famille etsuivre l'exemple de Malik. Le « Jour venu » du titre est donc encore lointain.