Tout le monde, au Seuil et dans les milieux littéraires, sait ce qui est arrivé à Lydie Violet (atteinted'une tumeur au cerveau, inopérable, lui laissant une estimation de huit ans de vie). Ayanrencontré Marie Desplechin, elle s'est laissée convaincre de faire un livre du malheur qui lui esadvenu et de son existence depuis le jour où elle s'est effondrée dans son bureau chez GrassetLydie et Marie ont passé de longs mois ensemble à se parler, à s'interroger, à avancer dans lrécit, à reculer, à inventer à tâtons la façon de faire le livre ensemble, le ton et le contenu. Leurécit, à la première personne, comme si elles n'étaient qu'un seul auteur (elles expliquent commenelles y sont parvenues, dans l'avant-dernier chapitre) est une réussite exceptionnelleOn est bouleversé, bien sûr, mais on rit souvent aussi de la drôlerie avec laquelle sont rapportéecertaines situations. La rage (et parfois la férocité) que manifeste la narratrice dans son combapour exister sans être réduite au rôle de malade inconcevable, secoue le lecteur, le ramène à lrelativité de ses propres malheurs et l'indécence de ses gémissements. C'est une leçon de vie qucontient ce livre terrible.